Conférence organisée par l’APEL le 28 mars 2015: compte-rendu

Fiche de synthèse

CONFERENCE DEBAT

LA VIOLENCE CHEZ LES ENFANTS A LA MAISON ET A L’ECOLE

Animée par Madame PORCHERET

 

Basée sur la méthode de l’expert Jacques Salomé et de son ouvrage : « Quand je sortirai mes foulards. »

 

PREMIERE PARTIE – DIFFERENCE ENTRE AGRESSIVITE ET VIOLENCE

A – Agressivité

Pulsion de vie (tout ce qui permet de se défendre).

Respect de soi, respect de l’autre aussi

Besoin physique de contact qui fait partie de la prise de conscience des limites de son corps.

 

B – Violence (sujet de notre débat)

Transgression du territoire intime sans permission.

Physique, comme une bousculade

Ou psychique, comme une insulte.

Contraire du respect.

 

DEUXIEME PARTIE  – REACTION FACE A LA VIOLENCE

Violence regardée comme un langage chez l’enfant.

Décharge d’une émotion, faute d’avoir pu l’exprimer sur le moment et d’avoir été entendu

 

Attitude à adopter : demander à l’enfant «Comment a commencé cette violence ? » pour libérer sa parole et connaître la source.

Surtout ne pas lui dire « pourquoi tu as fait ça ? »

 

Encourager l’enfant, lorsqu’il a un bon comportement.

 

Comportement de l’adulte vis-à-vis de l’enfant

1 – Interdiction de fusionner avec l’enfant

2 – Interdiction de mentir à son enfant

3 – Interdiction d’être violent physiquement ou verbalement

 

TROISIEME PARTIE – INSTAURATION DU RESPECT

1 – Mise en place d’une écoute de qualité

Ecouter, c’est prendre le temps d’entendre ce qu’a pu ressentir l’enfant,

 

2 – Qualité des messages qui circulent

Un enfant a besoin d’avoir des messages positifs sous forme verbale ou autre (sourire….) pour l’encourager à recommencer ses gestes et actions positives.

 

3 – Positionnement de l’adulte vis-à-vis de l’enfant

Mettre une limite, un cadre.

Se positionner en tant que parent pour montrer à l’enfant que c’est possible ou pas.

 

Pour en savoir plus :

 EXPOSE

 Conférence-débat basée sur la méthode de l’expert Jacques Salomé et de son ouvrage : « Quand je sortirai mes foulards. »

 

En son temps, Socrate énonçait déjà des problèmes comportementaux chez les enfants. Chaque génération a cru que la suivante ferait mieux.

 

Tous les enfants ne sont pas obligés de s’aimer mais ils doivent se respecter (ne pas abîmer l’autre ou soi).

 

La famille est le lieu d’apprentissage de la vie ensemble. C’est à la fois un lieu de friction, mais aussi un lieu sécurisant, car les enfants sont sûrs de ne pas en être écartés, contrairement à ce qui pourrait se passer dans une cour de récréation.

 

PREMIERE PARTIE – DIFFERENCE ENTRE L’AGRESSIVITE ET LA VIOLENCE

 

Il convient de distinguer ces deux notions.

 

A – L’agressivité

C’est une pulsion de vie (tout ce qui permet de se défendre).

Il faut en avoir suffisamment pour pouvoir protéger son territoire.

Un enfant dépourvu d’agressivité va se faire « marcher dessus ». Il doit avoir une part d’agressivité : « STOP, tu ne rentres pas sans frapper dans mon territoire ».

Il s’agit d’un respect de soi, d’un respect de l’autre aussi : si on ne dit pas à l’enfant de stopper, il ne saura pas qu’il faut le faire.

 

Dans la notion d’agressivité, il y a un besoin physique de contact qui fait partie de la prise de conscience des limites de son corps. (Exemple : deux enfants qui jouent à se battre ne sont pas violents, mais dès que l’un d’eux ne joue plus, on déborde alors dans la violence).

 

B – La violence (sujet de notre débat)

Elle arrive lorsqu’il y a transgression du territoire intime de l’autre sans permission.

Elle est Soit physique, comme une bousculade,

Soit psychique, comme une insulte.

 

De tout temps, la violence a toujours été la manière la plus naturelle de résoudre un conflit.

Notre éducation permet d’apporter une modération à la résolution des conflits pour un meilleur « vivre ensemble ». C’est ce que Françoise DOLTO appelle LE PROCESSUS D’HUMANISATION.

 

La violence est identifiée comme le contraire du respect.

 

Dans les premières années de sa vie, un enfant est égocentré, c’est normal, il va se construire.

Il n’est ni mieux, ni moins bien que les autres. La construction se fait sur des années.

Une crise d’opposition apparaît aux alentours de 2/3 ans avec le « NON » : l’enfant a l’impression d’exister en disant non (ça lui donne un air important de dire NON, car lorsque ses parents utilisent ce mot à son égard, il y a une réaction qui se passe, une attitude qui change…).

 

Après 2/3 ans, c’est le « MOI TOUT SEUL » : Le prêt du jeu est difficile car l’identité n’est pas encore complètement déterminée.

 

Puis la conscience vient  ensuite : « Je peux servir l’autre avant moi », ce qui n’existe pas dans le monde animal.

 

DEUXIEME PARTIE  – REACTION FACE A LA VIOLENCE

 

Face à la violence et à l’agressivité, comment nous, adultes, devons-nous réagir ?

Le monde a bien changé : il y a 30 ans, on vivait dans sa commune, sans regard sur le monde extérieur.

Aujourd’hui, d’un clic, on se projette dans la vie du monde entier, avec ses bonnes et ses mauvaises nouvelles. Les enfants sont plus facilement confrontés à davantage d’émotions négatives (à travers la télé, à travers internet).

 

L’émission la plus violente et la plus anxiogène est le journal de 20 heures qui génère beaucoup de négativité, qui relate beaucoup de malheur, car quelque part le bonheur n’intéresse guère. A travers lui, le monde est une catastrophe ambiante.

 

Si le repas se fait autour de la télé et de ce journal, l’enfant veut parler immédiatement de ce qu’il voit, mais les parents, quant à eux, veulent se concentrer sur les informations données en temps réel et demandent le silence à leurs enfants. Mais il faut absolument en parler, car l’enfant n’a pas de réponse aux questions qu’il se pose face aux éléments vus dans de ce journal.

 

Le ressenti de l’enfant est tout autre, à la lecture  d’une mauvaise nouvelle dans un journal papier. Cela lui permet de laisser davantage parler son imagination. Pour un enfant, lire qu’il y a eu une inondation va lui permettre de faire appel à sa mémoire à et à ce qu’il a pu voir dans son livre de Petit Ours Brun par exemple.

Ne jamais oublier de respecter le rythme de l’enfant par rapport à sa capacité à maîtriser les informations.

 

Si l’enfant a trop d’angoisse, il sera soit inhibé, soit violent.

 

La violence doit être regardée comme un langage chez l’enfant. Il a quelque chose à dire sans pouvoir le dire. Elle peut être la décharge d’une émotion, faute d’avoir pu s’exprimer sur le moment et d’avoir été entendu

Exemple : A l’école, Simon 8 ans a été accusé d’avoir triché sur Pierre, alors qu’en réalité c’est bien Pierre qui a triché. Simon rentre chez lui sans exprimer la situation à ses parents. Il joue avec son frère et finit par lui donner un coup de pied. Ses parents ne comprenant pas son attitude le grondent.

Dans ce genre de situation, l’attitude à adopter serait la suivante : demander à l’enfant «Comment ça a commencé ? » Cela libère la parole et permet de connaître la source. En aucun cas lui dire « pourquoi tu as fait ça ? »

 

Chez les petits enfants, la violence est plus physique chez les gars, car les filles sont à l’aise plus tôt avec le verbe. Ce qui implique que les mots peuvent être plus violents chez les petites filles.

 

La violence, c’est aussi un cri (mes parents s’occupent davantage de mon frère malade, alors je me fais remarquer en étant violent, c’est ma manière à moi de me manifester). Il faut absolument « ouvrir le robinet » en le faisant parler, car souvent derrière le plus violent se cache le plus souffrant.

 

Ne jamais oublier d’encourager l’enfant, lorsqu’il a un bon comportement. Car certains enfants s’enferment dans un certain comportement : on me dit que je suis vilain, et bien je vais vraiment l’être….

 

L’envers de la violence n’est pas la douceur. Il ne faut pas lui construire un monde aseptisé.

L’envers de la violence, c’est le respect. C’est apprendre à ne pas être toujours d’accord.

L’envers de la violence, c’est la communication. Chacun a la possibilité de dire ce qu’il est, ce qu’il veut.

On doit donc exclure la violence de notre mode éducatif.

 

C’est par nos comportements que les enfants apprennent, par l’intermédiaire de l’imitation.

 

On doit donc respecter 3 domaines :

1 – S’interdire de fusionner avec l’enfant

Je suis l’adulte, il est l’enfant.

Ne pas investir tout son espace à sa place. Il a un problème avec un copain sur la cour : dois-je vraiment intervenir ?

Attention que cela ne devienne pas de la VIOL – ENCE (viol à l’intérieur de l’espace de l’enfant)

 

2 – S’interdire de mentir à son enfant

Par contre, il n’a pas le droit de tout savoir, c’est légitime.

Exemple : Au décès d’un grand parent, les parents n’ont rien dit à l’enfant et se sont enfoncés dans le mensonge. Le jour où l’enfant l’apprend, c’est deux fois plus violent pour lui.

 

3 – S’interdire d’être violent physiquement ou verbalement

Si cela arrive, car ça peut arriver, on s’excuse pour le dérapage. Mais on ne s’excuse jamais d’avoir fait preuve d’autorité.

 

TROISIEME PARTIE – INSTAURATION DU RESPECT

On peut le représenter comme un tabouret à trois pieds

 

1 – Le premier repose sur la mise en place d’une écoute de qualité

Une ambiance de respect s’installe.

Nous avons deux oreilles et une bouche, pour écouter deux fois plus que nous ne parlons.

Ecouter, c’est prendre le temps d’entendre ce qu’a pu ressentir l’enfant, prendre le temps de dire « ah oui, j’ai bien entendu » sans pour autant lui dire que je suis d’accord.

Il faut ouvrir le dialogue, être capable d’accueillir les propos de l’enfant.

 

Exemple : un enfant dit qu’il adore les percings, cela ne veut pas dire qu’il en veut un.

Il faut faire attention à ne pas entendre les choses non demandées.

Il faut distinguer le rêve ET la réalisation du rêve.

 

Un autre exemple : l’enfant  a le droit de ne pas aimer les épinards. Il faut reconnaître son droit à ne pas les aimer et lui expliquer que plus tard, dans sa propre maison, il pourra ne pas en cuisiner, mais qu’aujourd’hui il est dans une maison où ce soir il y en a.

Il y a un respect de l’autre, la reconnaissance d’un espace pour être différent, où l’on rentre dans l’univers de l’autre.

 

 

2 – Le second repose sur la qualité des messages qui circulent

Un enfant a besoin d’avoir des messages positifs sous forme verbale ou autre (sourire….)

Il faut donner du bon à nos enfants, ça donne des ailes (exemple : tu as fait ton lit, c’est bien). Je l’encourage à recommencer.

Plus l’enfant grandit, et plus nous devons lui apprendre à recevoir des compliments, car il a moins de besoin de violence pour exister.

Quant on apprend à un enfant à donner, on l’équipe pour la vie, on l’inscrit dans l’envie de donner même quand il n’a pas envie (ranger le matériel de l’école par exemple). Leur donner une responsabilité communautaire.

 

Lorsque, nous, parents, avons vis-à-vis de nos enfants des phrases, des gestes inadaptés, c’est comme un sac à dos rempli de cailloux que nous leur faisons porter. Alors, ne pas hésiter à aller voir l’enfant en lui disant qu’on n’aurait pas dû dire, ou faire, ceci ou cela vis-à-vis de lui.

 

Dans certaines écoles, il a été instauré dans les classes, une boîte à violence.

Prenons l’hypothèse suivante :

Marc dit à Lisa que ses chaussures ne sont pas belles. Lisa va chercher, dans sa classe, un petit morceau de bois qu’elle donne à Marc en lui disant « je te rends ta pensée car c’est ce que tu penses toi, mais pas moi ».

Marc prend le temps de réfléchir et va mettre ce morceau de bois dans la boîte à violence car il se dit qu’il n’aurait jamais dû dire ça, car c’est ce qu’il pense lui et seulement lui.

Et le soir, afin d’évacuer toutes les pensées de la journée, la maîtresse vide la boîte à violence pour repartir sur de bonnes bases le lendemain. Car demain est un autre jour.

 

Chaque être est aimable et respectable.

Si l’enfant ment, il ne faut pas généraliser en le qualifiant de menteur, car on ne doit pas oublier que cet être humain a des côtés positifs, il fait aussi beaucoup de câlins, il est capable de beaucoup de choses (faire du vélo sans roulette…). On ne touche pas à la dignité de l’enfant.

 

3 – Le troisième repose sur le positionnement que j’ai, moi parent – adulte

Les enfants ont besoin de limite, de cadre. Ils ne doivent pas sortir du cadre.

Ils n’ont pas le droit de se faire du mal, ni de faire du mal à l’autre.

Chacun est une merveille, un trésor. On n’abîme pas une merveille, un trésor.

 

Je dis « s’il te plaît » car je rentre dans le monde de l’autre.

Je dis « pardon » car je suis rentré dans le monde de l’autre.

 

Se positionner en tant que parent montre à l’enfant que c’est possible ou non.

Les règles doivent être stables, durables, évolutives en fonction de l’âge de l’enfant.

Devenir adulte, c’est se mettre un cadre à soi-même, c’est l’internalisation de la loi, on se fait la sienne.

 

Dans notre époque actuelle, les enfants négocient tout. Un « NON » ferme, un ou deux fois et après STOP, c’est comme ça. Si non, l’adulte devient enfant et l’enfant devient adulte. Il faut tenir son cap, car c’est juste et bon pour l’enfant, même s’il ne s’en rend pas compte.

 

Si l’enfant a un cadre régulier et identique, c’est une source de pacification pour lui et cela engendre moins de violence.

Pour que l’enfant évacue sa colère, il faut que l’enfant s’en débarrasse en se défoulant par une activité physique telle que le sport notamment.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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